Complique de ne point avoir entendu parler de Diana Krall ! Sachant l’engouement du public, les maisons de disques cherchent la perle rare.
Chaque mois ou limite, une nouvelle vocaliste fait son apparition. Mais a quelles voix se vouer ? Qui ecouter ? Mes plus talentueuses sont la Coreenne Youn Sun Nah et l’Americaine Patricia Barber. Les Francaises ne sont jamais en demeure : une bete de scene comme Mina Agossi se doit de ravir des contempteurs tout d’un jazz aseptise et formate. Panorama des meilleures voix Afin de ces emois.
Youn Sun Nah Un ton au-dessus On imagine souvent que le jazz ne va venir que des Etats-Unis, ou d’Europe, ainsi,, bien, en ce cas, plutot de France. Tant pis Afin de des idees recues : la plus grande chanteuse de jazz de l’instant reste coreenne. Elle s’appelle Youn Sun Nah. Ceux ayant eu le loisir de la voir sur scene connaissent l’ivresse des sommets.
Avec son merveilleux groupe _ ou l’on retrouve principalement le contrebassiste et compositeur de naissance israelienne, Yoni Zelnik _, elle evolue aux confluents des genres.
Certaines atmospheres font affirmer a l’univers de Bjork. Neanmoins, la comparaison ne saurait aller au-dela (via courtoisie Afin de la chanteuse islandaise). Loin des voix d’alto, legerement voilees, speciales « after hours », Youn Sun Nah est une mezzo au timbre clair.
Notre purete n’empeche ni l’intimite ni l’audace. Personne d’autre ne te prend autant de dangers, tel, notamment, celui de reveler des nuances infimes dont les melomanes ignoraient l’existence. On tremble devant tant de fragilite. Pourtant, si elle emeut en « ianissimi » les plus subtils, ou l’auditoire retient le souffle, elle impressionne aussi avec les « forte » nos plus eclatants. Qu’elle chante en anglais, en coreen ou en hebreu, Youn Sun Nah nous procure l’inoui. Evidemment, une telle merveille se merite. L’ennui, c’est qu’elle s’fait un peu trop desirer. Indeniablement, Youn Sun Nah partage son temps entre la Coree, ou elle retrouve un grand succes dans un repertoire, disons, de musique pop, et la France, ou elle nous gratifie du jazz le plus raffine et creatif qui soit. Alors que toute la presse en a, a juste titre, fait sa chouchoute, ces derniers mois, il semble que sa carriere coreenne ait retourne le dessus concernant son boulot en France et en Europe. Ses amoureux, dont nous sommes, s’effraient de ne plus la voir. On se souvient qu’il y a deux annees, Rachelle Ferrell, sans doute la plus grande chanteuse afro-americaine revelee ces dix dernieres annees, avait delaisse le jazz pour s’illustrer dans la « soul ». Pour adoucir l’ennui engendre par l’absence de Youn, ses fans se passent en boucle le chef-d’oeuvre qu’elle a enregistre.
In Circum Girum-Socadisc.
Patricia Barber Un chant crepusculaireLe critique de jazz reste terrible : il ne lui suffit pas qu’une artiste chante merveilleusement beaucoup, il souhaite aussi entendre ce que celui-ci n’a jamais entendu. Evidemment, dans cette categorie, ca ne se bouscule gui?re.
Depuis la disparition de Jeanne Lee en 2000, Patricia Barber est, avec Youn Sun Nah, la plus grande chanteuse de jazz Sur le marche. Pianiste talentueuse, elle reste a l’oppose de l’image glamour qu’une partie du public attend d’la part des chanteuses. Originaire de Chicago, votre artiste a une voix grave et envoutante. Elle tend a l’epure. Elle sait qu’au commencement est l’emotion. Quand elle murmure, on se tait et on monte le le, une difference fondamentale avec bon nombre de autres chanteuses en vue de l’instant. Elle ecrit des textes superbes et compose des musiques raffinees a toutes les rythmes telluriques. Avec Patricia Barber, le crepuscule n’a pas ete aussi excellent.
Dianne Reeves La riche heritiereQuelques minutes suffisent a l’Americaine Dianne Reeves Afin de ressusciter des grandes voix du swing vocal (Ella, Sarah. ). Plusieurs plus grandes, elle a herite le sens du rythme, l’aisance et Notre tessiture. Apres le fabuleux album « New Morning » (Blue Note-EMI), capte en 1997, elle s’est des fois egaree dans des productions de second ordre. Elle est revenue a des projets dignes d’elle. Le mois dernier, entouree de deux guitaristes, elle a enchante le public une salle Pleyel. Notre scene est le royaume. Et nous sommes a ses pieds.
Un CD : « In the Moment »,
Diana Krall En toute intimiteRetour en arriere, en 1996, au Jazz Club Lionel Hampton de l’hotel Meridien de Paris. Au piano, une chanteuse grande et blonde venue de Colombie-Britannique. Autour d’elle, un guitariste et 1 contrebassiste. Une formule magique qui etait celle de Nat « King » Cole. Elegance et sensualite : tout etait deja parfait. Seul l’auditoire est absent. C’est dire le chemin parcouru depuis. Notre cocktail « qualite-look sexy-marketing » a fera d’elle J’ai seule star du jazz vocal Actuellement, ainsi, votre aussi si Diana Krall innove peu. Effectivement, ses disques se ressemblent et paraissent rarement plus surprenants qu’un cadeau non emballe. Mais peut-on regretter qu’une star talentueuse soit i chaque fois egale a elle meme ? Sous l’influence benefique de le rock star de mari, Elvis Costello, le avant-dernier disque, original et teinte de blues, l’a rapprochee des plus belles.
Un CD : « The Girl in the other Room », Universal.